Biographie – Florence Férin

« Je suis née en Touraine, dans un petit bourg au bord de l’Indrois. Mon grand-père Albert était maréchal-ferrant. Mon père est donc devenu forgeron, bien naturellement. Et il racontait des histoires drôles… à la fin des banquets. Pendant que maman gérait toute la paperasse des Établissements Férin, mémère Juliette et ma tante Marie-Thérèse tenaient la quincaillerie. Et mon autre grand-mère, Marcelle, en plus de son travail à l’usine, lavait le linge dans l’eau de la rivière, pour arrondir les fins de mois.

Mais dites, c’était à quelle époque ? Attendez, ma sœur s’appelle Linda, tout de même et elle faisait de la moto ! Alors… Par contre Marcelle a toujours fait de la mobylette, sans mettre le casque bien sûr, pour ne pas « faner » sa mise en plis. Elle disait : Moi, avec le casque, j’entends ren, c’est ben pu dangereux ! C’était le village, les machines agricoles, le bruit du marteau sur l’enclume, les champs pour courir et le ciel pour rêver. Et tous mes petits personnages de papier et ma tête pour créer. Pendant longtemps, j’ai pensé que je n’avais rien d’intéressant à dire. C’est ainsi que j’ai appris à écouter et c’est comme cela que je suis devenue conteuse. »

Florence découvre le conte, pour la première fois, en 1989, auprès d’Henri Gougaud. C’est une étincelle. Elle se forme à sa pratique artistique et se retrouve bien vite, grâce à la confiance qu’on lui accorde, devant un public, avec un répertoire modeste qui évoluera au fil du temps, de ses représentations et de la rencontre avec ses auditeurs.

En 1994, elle fait de l’art de conter son métier. Son répertoire, composé dès le départ de contes traditionnels, s’est confirmé au fil du temps. Il s’est nourri de rencontres, d’observations, de lectures, d’expériences, d’échanges et, bien entendu, de « mise en jeu » avec le public. Florence a appris, au fil du temps, à forger ce matériau vivant, pour faire d’un conte d’hier un conte qui nous parle aujourd’hui dans sa pleine dimension et avec sens. Puis affirmant sa place, elle a pu, en prenant voix, corps en mouvement et pleine présence, créer et ouvrir l’espace nécessaire entre conteuse et conte où l’auditoire découvre sa place de créateur, lui aussi.

Depuis ses débuts, Florence a créé une vingtaine de spectacles, fréquenté des publics de tous âges et de tous milieux, créé avec trois amies conteuses un groupe de recherche et de réflexion sur leur pratique artistique, exploré avec musiciens, danseurs, comédiens, circassiens, des chemins d’expression communs, vivants, joueurs et poétiques à la fois. Elle s’accorde la liberté que propose la matière du conte, celle que l’on pétrit avec savoir-faire et tendresse, celle que l’on laisse reposer puis que l’on cuit à la mémoire de ses sens. Elle n’hésite pas à dévoiler son univers intérieur, à la fois drôle et sensible.

Elle affectionne tout particulièrement le public familial, dans son écoute unie à plusieurs niveaux d’oreilles. L’écriture de ses spectacles adaptés aux tout-petits en est une belle illustration : s’adresser au très jeune public tout en contant une histoire qui touche les plus grands et les adultes présents, est un savoir-faire qu’elle expérimente depuis longtemps, tant dans sa présence et son expression scéniques que dans l’écriture et la création qui précèdent le partage vivant. Florence Férin parcourt les chemins de la France entière, au-delà des frontières et outre-mer, dans les festivals, les médiathèques, les écoles, les théâtres, les centres culturels ou les simples fêtes de villages. Elle est également sollicitée pour ses ateliers de création, ses ateliers enfants conteurs et ses formations à la pratique du conte.

Florence est un mélange de terre fraîche et de ciel. Sa part de création, dans ses versions personnelles, à la recherche de l’image précise et du mot juste, jusque dans le plaisir de la sonorité, de la poésie des mots et celle de sa présence scénique, font de son jeu une relation privilégiée entre elle, son public et ses contes, dans un contact chaleureux, souriant et une simplicité directe.